En découvrant l’univers de la psychiatrie et la condition des malades dans les hôpitaux psychiatriques, dans les années 1970, alors qu’elle était jeune interne, Marie Noëlle Besançon a été profondément bouleversée. Abandonnés à eux-mêmes sans stimulations d’aucune sorte (physique, psychique, relationnelle, affective), enfermés derrière des murs, alors qu’ils souffraient de problèmes majeurs de relation, les patients ne pouvaient que voir leur état s’aggraver ou se chroniciser.
Elle fut influencée par différents courants de l’époque : le mouvement antipsychiatrique anglo-saxon, celui des structures alternatives et des lieux de vie, la psychothérapie institutionnelle, le mouvement militant italien du psychiatre Franco Basaglia qui aboutit à la fermeture des hôpitaux psychiatriques en Italie en 1978, alors que commençait la mise en place de la politique de secteur en France. Elle poursuivait également une recherche humaniste, spirituelle, d’inspiration chrétienne, et voulait s’engager dans une action porteuse de sens pour elle même et pour les autres.
Elle décida de tout mettre en oeuvre pour créer une structure adaptée réellement aux besoins des personnes souffrant de troubles psychiques, qui serait une vraie alternative à la prise en charge stigmatisante et déshumanisante de l’asile, ce « lieu de mort qu’il faut laisser mourir de la mort insignifiante qu’il mérite » (Jean François Reverzy), et permettrait, comme le disait Roger Gentis de « rendre la folie à la société et de développer le potentiel soignant du peuple ».
Tout en intervenant auprès de différents publics en institutions, (personnes handicapées mentales et physiques, enfants de la DASS), elle exerça la psychiatrie et psychothérapie en cabinet pendant de nombreuses années. Elle fonda en 1990 l’association Les IAF pour mener à bien ce projet de création de lieu de vie dont elle rêvait.
Le rêve, ou plutôt l’utopie de ce lieu a pu être réalisée grâce à son mari Jean, dont les compétences en management stratégique et en finances acquises pendant des années de travail comme directeur financier en entreprise, étaient indispensables, ainsi que le même désir et sens de l’engagement au service des autres.
Cette structure pilote, « La Maison des Sources », existe depuis le 1er avril 2000, Jean et Marie Noëlle y ont vécu au quotidien avec 13 résidants (statut de maison relais) pendant 10 ans. Une centaine de personnes exclues et inclues viennent également y partager (accueil de jour) des moments d’activités et des relations dans un esprit d’accueil, de convivialité, d’ouverture et de participation qui est la marque des IAF et le secret de son efficacité.
Une 2ème maison a été ouverte en septembre 2009, près de Besançon, à Pouilley les Vignes, en partenariat avec Habitat et Humanisme (bailleur social), et un accueil de jour à Boulogne-Billancourt, en mai 2010, transféré début 2014 à l’association Terre d’Arcs en Ciel, membre d’IAF réseau.
Ils furent responsables tous deux à plein temps des Invités au Festin (IAF), et du développement de ceux-ci (IAF réseau créé en 2007, qui compte 14 projets en route), jusqu’en janvier 2010.
Jean, Président des IAF, Marie-Noëlle, Présidente de la fondation Les Invités au Festin, se consacrent toujours au développement du réseau au niveau national, et international, ainsi qu’à la promotion du concept citoyen des IAF et du courant de psychiatrie citoyenne : les IAF sont co-fondateurs du Mouvement International Citoyenneté et Santé Mentale (MICSM 2012) et de l’Association Régionale de Psychiatrie Citoyenne (ARPC).
Ils ne vivent plus sur place depuis 2009, des bénévoles se relaient chaque soir et le week-end afin d’assurer « le vivre avec » les résidants.
Actuellement, Marie-Noëlle passe un demi week-end sur deux avec les résidants et organise des week-ends à dimension spirituelle avec participants, résidents et bénévoles intéressés, tous les deux mois, à l’extérieur des IAF.
Un «S.A.M.S.A.H. » (Service d’Accompagnement Médico-Social pour Adultes Handicapés) « Le 28 » a ensuite ouvert ses portes en 2014 en s’inscrivant dans l’approche du concept IAF de psychiatrie citoyenne :
- Par un suivi des participants en lien avec le GEM « La Fontaine » et les Maisons-relais Les Capucines et La Lanterne,
- Pour accompagner les personnes dans un projet de vie et/ou de sortie en relation avec les partenaires extérieurs.
Le SAMSAH, financé par l’ARS et le CD25, dispose aujourd’hui de 35 places, soit la possibilité de suivre jusqu’à 60 personnes.